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Emmanuel Macron hésite. Il « mâchonne », comme il le dit lui-même, les hypothèses qui s’offrent à lui. Le président de la République teste une option, fait mine d’en abandonner une autre, revient à la case départ… Mardi 3 septembre, au lendemain de la rentrée des classes et près de soixante jours après le second tour des élections législatives, le chef de l’Etat n’avait toujours pas arrêté son choix sur le nom du futur premier ministre, assumant de laisser le pays aux mains d’un gouvernement démissionnaire depuis le 16 juillet.
Les candidats pour Matignon passent, un à un, l’épreuve de l’« entonnoir », comme on le dit, de façon peu élégante, à l’Elysée. Et si, pendant quelques heures, Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, a pu croire à sa promotion Rue de Varenne, ce profil dit « technique » (proche de la CFDT, le syndicat réformiste) n’était plus cité par le palais dans la soirée de lundi. « A peine brandi, son nom a été déchiqueté en morceaux par la gauche et la droite », observe le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat. Conclusion : « La seule solution [pour Matignon] est politique », affirme désormais un proche du chef de l’Etat.
A en croire l’Elysée, le duel final se joue entre Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, membre du parti Les Républicains (LR), et Bernard Cazeneuve, ancien du Parti socialiste (PS) et ex-premier ministre de François Hollande. Tous deux ont été reçus par Emmanuel Macron lundi, lors d’une journée d’intenses consultations où le président de la République a, comme lors des heures graves, rencontré ses prédécesseurs de gauche, François Hollande, et de droite, Nicolas Sarkozy. Mais rien n’a été tranché.
Mardi, le chef de l’Etat poursuivait ses entretiens dans la coulisse, par téléphone, sondant les parlementaires de droite – le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, celui des députés de droite, Laurent Wauquiez, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR) –, puis de gauche avec Boris Vallaud, le chef de file des députés PS, et Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Avant de conclure la journée par un coup de fil refusé par les « insoumis » Manuel Bompard et Mathilde Panot, un autre accepté par les écologistes Marine Tondelier et Cyrielle Chatelain. Pour finir sur un ultime échange avec la cheffe des députés d’extrême droite, Marine Le Pen.
Rappelant son rôle de garant des institutions, Emmanuel Macron cherche à savoir, au fil de ses échanges, si le futur premier ministre serait renversé, dès sa nomination, par une motion de censure adoptée par une majorité des 577 députés. « Le président privilégie la stabilité à la rapidité », argue-t-on dans l’entourage du premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, pour excuser la lenteur de la décision présidentielle. « Le roi s’amuse », fustige le politologue Vincent Martigny, qualifiant Emmanuel Macron de « maître des horloges déréglées ».
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